La Corse apparaît comme une île singulière sous bien des aspects. Le paysage végétal insulaire n’échappe pas à ce particularisme. Trés varié il peut parfois évoquer la Provence ou l’Afrique du Nord, Parfois le Pays BAsque ou les Alpes, mais on y reconnaît un charme local bien particulier, souvent sévère. Certains végétaux trés abondant sur l’île, marquent largement cette identité comme l’aulne odorant et le pin laricio, propres à la Corse, marquent l’identité des montagnes insulaires. Bien d’autres espèces végétales, localisées pour certaines exclusivement en Corse et pour d’autres à la Corse et à des territoires voisins, contribuent aussi à l’accentuer. Ces plantes dont la répartition est limitée constituent ce que l’on nomme la « flore endémique de la Corse ». Cette flore endémique est un objet d’étude intérressant pour les scientifiques, qui essaeint d’établir son origine et de proposer des hypothèses sur les vicissitudes géologiques et évolutives qui ont conduit ces espèces sur leur territoire actuel. Cet aussi un patrimoine végétal d’une grande valeur qu’il convient de protéger tout particulièrement, étant donné son extrême localisation. Les Corses en sont dépositaires et ont donc là une vraie responsabilité à assumer.
Pour son intérêt scientifique et sa valeur patrimoniale, il est apparu important de faire mieux connaître cette flore endémique corse.
Voici une sélection non exhaustive de quelques spécimens de la flore de corse.
Ce sont plus de 2 500 espèces de plantes que l’on peut trouver en Corse à l’état naturel. 131 d’entre elles sont purement endémiques; 165 autres sont endémiques de Corse et de régions voisines !
Ancolie de Bernard
Aquilegia bernardii
Gren. & Godron
amore chjosu, amore piattu (ancolie de bernard)
Ranunculaceae
Juin-Août
Espèce rupicole ayant une légère préférence pour les anfractuosités profondes ou ombragées, elle peut aussi coloniser les couloirs rocheux frais et certains éboulis d’ubac (1000 – 2650 m). Elle est présente depuis le Cap Corse jusqu’à la montagne de Cagna, mais elle est surtout fréquente dans les grands massifs (Cintu, Incùdine, Rinosu, Ritondu, Bavella.
T : 20-40 cm
D : 60-70 mm
Aconit de Corse
Aconitum napellus L.
subsp. corsicum (Gayer) W. Seitz
acunitu corsu, (aconit corse)
Ranunculaceae
(Juillet) août
Ce bel aconit constitue des mégaphorbiées localisées en bordure des pozzines sur le Pianu di Cuscionu et les environs (1000 – 1700 m). C’est une plante très toxique qu’il faut éviter de ceuillir. Elle se distingue du subs. napellus par la grandeur des fleurs et l’aspect cendré-tomenteux des boutons floraux.
T : 40-120 cm
L : 30 – 33 mm
Arbousier
Arbutus unedo
albitru (arbousier) autre nom (arbre aux fraises)
Ericacae
octobre – décembre
Feuillage : Persistant , luisant, alternes, pétiolés.
Fleurs : Blanches (rosées lorsqu’elles sont exposées au soleil) pendantes, en forme de grelots, disposées en panicules.
Fruit : Baie sphérique (verte puis vire au jaune puis rouge lorsqu’elle est à maturité)
Asphodele
Asphodelus aestivus, asphodelus microcarpus, asphodelus ramosus
Feuilles : Présentent exclusivement à la base, logues et pointues en forme de gouttière.
Fleurs : de couleur blanche à 6 pétales traversés par une nervure brun rosé.
Tiges mesurant plus d’un mètre de hauteur.
Asplenum des Baléares
Asplenium balearicun Shivas
Apleniaceae, Pteridophyta
(End. Co-Sa-Baléares-Capraia-Palmarola-Pantellerai)
RR (me)
Espèce des fissures de rochers. Très rare, et jusqu’ici connue seulement des Agriates, cette espèce est un allopolyploïde dont les ancêtres sont : A.obovatum Viv. et A. onopteris L.
T : 10-30 cm
L’Ellebore de Corse
Helleborus lividus Aiton
subsp. corsicus (Briq.) P. Fourn. (= H. argutifolius Viv.) nocca (hellébore corse)
Ranunculaceae
(novembre) décembre-mai (juin)
Plante présente dans les divers types de forêts des étages cités, mais aussi dans les fruticées naines peu dégradées et l’aulnaie odorante (0 – 2300 m). Cette helébore est commune dans toute la Corse.
T : 30-70 cm
D : 40-55 mm
Cineraire maritime
Jacobaea maritima L. Pelser & Mejiden
Senacio cineraria (seneçon cinéraire)
Asteraceae
Vivace
juin – juillet
Tiges de 3-6 dm sous-frutescentes à la base, dressées, raides, rameuses, blanches-tomenteuses en dessous, cotonneuses et plus ou moins vertes en dessus, ovales-oblongues ou oblongues, profondément pennatipartites ou presque pennatiséquées, à segments presque égaux, oblongs-obovales ou oblongs, entiers ou lobés, souvent bi-trifides, les inférieures pétiolées, les supérieures sessiles ; involucre blanc-tomenteux, à folioles oblongues-lancéolées; akènes glabres ; capitules en corymbe très dense ; fleurs jaunes à 10-12 ligules. Présent de 0 à 800 m d’altitude.
T : 30 -80 cm
D : 10 -20 mm
Ciste de Crète
Cistus creticus, cistus villosus var corsicus
Arbrisseau organisé en buissons compacts, le ciste est une des composante du maquis corse.
Feuillage persistant, feuilles à courts pétioles nervurées sur la face inférieure.
Grosses fleurs roses, 5 pétales d’aspect froissé, étamines orange et style jaune.
Ciste de Montpellier
Cistus monspeliensis
U mucchju neru (ciste de montepellier)
Arbuste buissonant.
Feuillage vert foncé, persistant, feuilles étroites.
Floraison très fournies et odorante. Fleurs blanches et jaune à l’onglet regroupées en bouquets. Ses fleurs sont plus petites (3cm) que celles des autres variétés (ciste de Crête, ciste à feuilles de sauge).
Ciste à feuilles de sauge
Cistus salvifolius
U muchju biancu (ciste à feuilles de sauge)
Arbrisseau à feuillage persistant légèrement aromatique.
Feuillage rugueu présentant des « poils » sur les deux faces des feuilles qui présentent des nervures sur la face inférieure.
Les fleurs qui mesurent 4 cm de diamètres sont abondantes et présentent 5 pétales blancs avec des étamines jaunes.
Crocus tout petit
Crocus minimus DC
zafranu minutu (croqus tout petit)
Iridaceae
janvier – mars (avril)
Espèce présente dans les pelouses et les fruticées ouvertes surtout des étages thermo – et mésoméditeranéen mais aussi des étages supraméditerranéen et montagnard où elle est toutefois bien plus rare. Signalée à Bastia et Aleria, elle semble un peu plus fréquente dans la moitié sud de la Corse ; une douzaine de localités sont actuellement répertoriées.
T : 5-12 cm
D : 28-45 mm
Digitale pourpre
Digitalis purpurea L.
var. gyspergerea (Rouy) Fiori erba ditale (digitale pourpre, cariété de Mme Gysperger)
Scrophulariaceae
mai – août
Plante fréquente dans de nombreux milieux ouverts, tout particulièrement les clairières de forêts, les bords de chemins, les fruticées naines et les stations rudéralisées, entre (10) – 500 et 2400 m. Elle est disséminée dans toute l’île. La valeur taxonomique des populations corso-sardes est très discutée et certains auteurs ne les reconnaisent pas comme distinctes des populations continentales. Relativement à ces dernières, les fleurs sont d’un rose plus pâle et le feuillage apparaît souvent un peu plus blanchâtre.
T : 20 – 160 cm
D : 30 – 40 mm
Dracunculus Muscivorus
Dracunculus muscivorus (L. fil.) Parl
(Arum muscivorum L. fil.) arèchja di porcu (arum mange-mouches)
Araceae
(avril) mai – juin
Espèce présentedans les lisières de cistaies et de maquis, mais aussi dans les pelouses, les bords rocailleux de torrents intermittents, les anfractuosités de rochers calcaires ou siliceux, surtout aux étages thermo – et mésomédittéranéen. Plante actuellement connue de 13 localités distinctes (Monte di A Supreta, Scala di Santa Righjina, Fangu, Scàndula…). Elle est assez abondante dans la réserve des îles Lavezzi. Elle a, par contre, été pratiquement éradiquée de l’île Cavallu au moment de l’aménagement touristique de celle-ci : la forte odeur de charogne qui se dégage de l’inflorescence de cette plante incommodait trop les clients ! Et pourtant, c’est grâce à cette odeur que les mouches sont attirées et jouent ainsi un rôle capital dans les phénomènes de pollinisation indispensables à reproduction.
T : 25 – 45 cm
L spathe : 18 – 35 cm
Immortelle d’Italie
Helichrysum italicum (Roth) G.Don,
Asteraceae
Vivace
juin – août
Immortelle à feuilles linéaires et à nombreux petits capitules floraux de maximun 3 mm de diamètre (+ nombreux et plus petits que ceux de H. stoechas). Espèce très aromatique.
T : 25 -70 cm
D : 2 -4 mm
Myrte
Myrtus communis
Myrtaceae
Vivace
Avril -août
Arbuste classique des garrigues sur silice. Feuillage très odorant au froissement. Présent de 0 à 1200 m.
T : 1 -3 m
D : 15 -25 mm
Ornithogale d’Arabie
Melomphis arabica L. Ornithogalum arabicum
Asparagaceae
Vivace
avril – juin
Fleurs blanches ou crème
Gros ornithogale décoratif naturalisé sur le littoral médittérranéen.
Présent en Corse du sud
T : 40 -100 cm
D : 30 -60 mm
Orpin
Sedum caeruleum
U risu (Orpin bleuâtre)
Crassulaceae
mai – juillet
Plante à feuilles charnues de couleur rouge. L’orpin est présent sur les dalles siliceuses de l’île (altitude 0 – 600 m).
Les fleurs de couleur bleu ciel au coeur blanc sont composées de 6 à 9 pétales.
T : 3 -15 cm
D : 4 – 6 mm
Pin laricio
Pinus nigra Arnold subsp. laricio Maire
làrice, làriciu, large (pin laricio)
Pinaceae
mai -juin
Le pin laricio, qui constitue un des symboles de la Corse, est un arbre magnifique, au fût droit et longuement nu à la base, doté d’une longévité supérieure au millénaire, âge que l’homme lui laisse rarement l’occasion d’atteindre. Il est présent dans l’île aux étages supramédittéranéen et montagnard (900 – 1800 m, rarement aussi aux ubacs du mésomédittéranéen, soit jusqu’à 500 – 600 m). Les forêts les plus importantes s’étendent depuis la vallée de la Tartàghjine, au nord, jusqu’à la forêt de l’Uspidali, au sud, mais il faut noter aussi une présence discrète du laricio sur le massif de Tenda, sur le massif du San Petrone (où le hêtre cependant domine largement) et sur la Montagne de Cagna (où il est toutefois très minoritaire au sapin et au pin maritime.
T : 20 50 m