Au coeur de la Corse, les paysages sont grandioses… Le coeur de l’île est aussi riche que son littoral. On le sait, la Corse n’est pas seulement une île, elle est montagne. Cette topographie particulière a modelé ses paysages, façonné les mentalités et nourri l’âme Corse, de toute sa spécificité.

La plupart des villages sont haut perchés, à quelques kilomètres du littoral. Avec leurs maisons de granites gris, aux toits de Lauze, ils sont les sentinelles de la montagne.

Le point culminant de l’île est le Monte-Cinto qui s’élève à 2706 mètres d’altitude. Dans la grande chaîne dorsale qui traverse l’île, du Cap Corse à Bonifacio, le massif de Bavella épargné par l’érosion quaternaire des glaciers, offre un des plus beau paysage Corse.

Le massif de Bavella avec ses aiguilles pointées vers le ciel

Les randonneurs se lancent chaque année, à la conquête de ses mystérieuses aiguilles de granite rose, s’élevant vers le ciel, et atteignant par endroit 900 mètres de hauteur. Le spectacle des arbres aux silhouettes tourmentées par le vent violent, qui s’engouffre entre les montagnes, accentue l’image austère et mystérieuse du décor. Au pied du site classé trois étoiles dans les guides touristiques, la forêt de Bavella, aux parfums odorants de pins, de cèdres de châtaigniers et de sapins.

On ne peut pas connaître la Corse sans s’engager dans les méandres tourmentés de la roche, et franchir les cols de montagnes. Ceci est incontournable si l’on souhaite se rendre d’Ajaccio à Bastia (col de Vizzavona à 1161 mètres d’altitude) de Calvi à Solenzara ou de Propriano à Cervione. Vizzavona, situé sur le GR 20 est la plaque tournante de ce sentier de randonnée, qu’empruntent chaque année, vingt-cinq mille personnes.

On ne peut parler de la montagne Corse, sans évoquer la célèbre châtaigneraie, véritable désert vert, la « Castagniccia« . Plantée à l’instigation des Génois, le châtaignier fut durant des siècles l’arbre à pain de la Corse. Il occupera en Castagniccia , plus de 70% des surfaces cultivées, une quasi-monoculture qui fera jusqu’à l’aube du XXe siècle la richesse de la région. Le village de Morosaglia vit naître en 1725 Pascal Paoli, le père de la nation corse.

morosaglia

En venant de Bastia, on traverse d’abord la Casinca, on entre ainsi dans la Castagniccia maritime, avec ses villages haut perchés, ses églises baroques et ses vallées verdoyantes. En retrait, austère et secrète, la Castagniccia intérieure se cache dans les montagnes. Autrefois riche et prospère, elle a subi un fort recul démographique.

Si l’on comptait en 1914 environ 40 000 âmes, aujourd’hui on ne compte plus qu’un millier d’habitants permanents. Sous le maquis buissonnant, on distingue les stigmates importants de l’ancienne emprise agricole. Les collines étaient sculptées en terrasses où le blé était semé jusqu’à 1100 mètres d’altitude, on pouvait y voir oliveraies, vignes, vergers. Le châtaignier si omniprésent qu’il définit à lui seul le paysage, semble être la végétation naturelle de la région. Pourtant ce sont les Génois qui en firent l’introduction systématique à la fin du Moyen Âge.

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C’est comme cela que le châtaignier devint dès le XVI ème siècle le nouveau centre d’intérêt de la vie économique, politique et sociale. La région se développe, les villages se multiplient, et de nouveaux artisans s’installent. Le bois est utilisé pour la fabrication de meubles, de tonneaux, de corbeilles et de paniers, artisanat que l’on peut encore voir aujourd’hui. Une visite au musée ethnographique de Cervione, permet de mieux comprendre l’organisation pratique que suscitait le châtaignier, « l’arbre à pain« . Aujourd’hui malheureusement, l’isolement et le déclin ont restitué une partie des terres au maquis…